Dangereux plaisirs by Molly Weatherfield

Auteur:Molly Weatherfield [Weatherfield, Molly]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Erotique
Éditeur: Presses du Châtelet
Publié: 2013-04-09T22:00:00+00:00

Le moteur de la camionnette se met en marche. Je tiens bon. Bientôt, nous prenons l’autoroute et traversons le Bay Bridge. Par un hublot percé dans l’un des flancs de la remorque, je distingue le paysage au-dehors. D’abord, je crains que les automobilistes ne découvrent mon visage affublé de sa bride, mais personne ne semble me remarquer – pas même les petits enfants, qui pourtant s’ingénient à traquer le poney qu’ils rêvent d’entrevoir. J’en conclus qu’il s’agit d’une vitre sans tain.

Combien de temps passons-nous sur l’autoroute ? Bien sûr, je ne porte pas de montre. Deux heures, peut-être ? L’étroit hublot ne me permet pas de repérer les panneaux indicateurs. Je sais au moins que le soleil brille et qu’il fait chaud – un air brûlant pénètre dans le van par ses conduits d’aération. Pour le peu que j’en perçoive, nous circulons en pleine campagne, probablement dans Central Valley. Les cahots se multiplient : nous voici engagés sur une voie gravillonnée. Sir Harold s’arrête un instant pour ouvrir une barrière, après quoi je me sens plus ballottée que jamais. Nous gravissons une colline par un chemin de terre et de pierraille.

Nous arrivons enfin. Le gros homme ouvre le van, grimpe à son bord puis, sans un mot, me détache et m’oblige à quitter l’habitacle en tirant sur mes rênes. Éblouie, je cligne des yeux dans la lumière vive. Je sens de l’herbe sous mes pieds. Un jeune homme vêtu d’un jean, de bottes de cow-boy et d’un T-shirt Aerosmith tient dans les mains une paire de gros croquenots à lacets et semelles épaisses. Il me décoche un large sourire. Il possède une peau sombre et des dents très blanches. Il s’agenouille pour me chausser.

— Pas mal, patron, souffle-t-il.

Tandis que mes yeux s’accoutument à la clarté, je poursuis mon examen : c’est un garçon trapu, solide, dont le T-shirt se tend sur un large poitrail et des épaules carrées.

— Pas la moindre expérience, en revanche, observe-t-il. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Elle s’appelle comment ?

— Carrie, répond sir Harold. Nous allons l’installer à côté de la blonde aux cheveux bouclés. Elle se prénomme Carrie aussi, non ?

— Cathy, patron, rectifie le jeune homme en souriant de nouveau.

Celui-là, me dis-je, un rien l’amuse. Peut-être rêvait-il depuis son jeune âge de passer le plus clair de son temps avec des filles nues équipées de brides et de queues-de-cheval. Il a serré très fort les lacets de mes chaussures, que je trouve massives – elles me donnent envie de taper des pieds. Le garçon tire d’un coup sec sur mes poils pubiens avant de se remettre debout puis, avec mes rênes, il forme une boucle qu’il passe autour d’un poteau de la palissade qui corsète un terrain circulaire d’une trentaine de mètres de diamètre.

À l’intérieur de l’enclos, une demi-douzaine de filles affublées, comme moi, d’une bride et d’une queue, se déplacent à des allures diverses sous la surveillance de quelques types en jean, qui ne lâchent pas leur cravache.

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